Chaque jour jusqu’au 31 décembre:
ils ont marqué l’actualité de la mobilité

5. Ils ont pris du galon

Laurence Batlle. Sans transition

On a déjà raconté l’habile succession préparée par François-Xavier Perin lui-même, avec Elisabeth Borne. Pour éviter un parachutage extérieur et privilégier la continuité du management, la nomination à la tête de RATP Dev de Laurence Batlle, directrice financière et patronne de la Business Unit Afrique et Moyen-Orient, a été annoncée dès le 31 août, alors même qu’elle n’est effective qu’en cette fin d’année.

Sitôt promue, sitôt confrontée aux dures lois des appels d’offres

La nouvelle patronne du directoire de RATP Dev n’aura guère eu le temps de savourer son ascension, car cet automne plusieurs nuages ont singulièrement compliqué le paysage de la filiale de la RATP: péripéties en Toscane, échec à Manchester, perturbations en Ile-de-France… Dans un contexte de concurrence exacerbée entre les trois grands groupes français, les risques sont élevés sur tous les appels d’offres défensifs – et en offensif, les batailles sont tout aussi âpres.

Laurence Batlle connaît la boutique et sait que certaines offres doivent être améliorées. Mais l’accompagnement «politique» compte aussi énormément, notamment afin de convaincre les élus du supplément d’engagement du prétendant.

Bref, Laurence Batlle, qui doit encore se faire un nom et une réputation dans la profession, se trouve face à plusieurs défis managériaux majeurs pour prolonger la croissance de RATP Dev. Elle pourra toujours compter sur l’appui de François-Xavier Perin parti à la retraite, mais qui intègre le conseil de surveillance de RATP Dev.

Dominique Denormandie. Avec diplomatie

C’est peu de dire que le fret ne favorise pas les incarnations. Pourtant, que n’en parle-t-on, de la nécessité écologique de trouver des alternatives aux trajets routiers longue distance. Pas un ministre qui n’oublie de louer les camions sur les trains…

Comment peser sur les pouvoirs publics? Souvent écartelé entre critiques très virulentes adressées à l’Etat et à SNCF Réseau, et devoir constructif, le GNTC a choisi au printemps dernier de clore en douceur la parenthèse Delphine André pour s’en remettre à un honnête industriel, Dominique Denormandie, 59 ans, toute une carrière dévolue au transport et à la logistique.

L’art difficile de mener le lobby d’une activité vertueuse mais malmenée

Le nouveau président a choisi sa stratégie: ce sera le dialogue et la fermeté. Quand on est d’un abord serein et aimable, le changement de ton porte mieux. Et les professionnels du combiné peuvent s’en plaindre, des subventions pas honorées, des trains calés et des travaux déprogrammés à la sauvage.

Dominique Denormandie, néophyte à ce niveau de responsabilité nationale, peut constituer un interlocuteur crédible pour un gouvernement qui se targuerait enfin de faire beaucoup plus que les efforts réels engagés par la DGITM et SNCF Réseau. Autrement dit, il ne s’agit pas seulement de se donner bonne conscience en engageant des milliards sur les grands projets d’infrastructures, il faut aussi accélérer et réaliser tous ces chantiers d’amélioration de la performance quotidienne. La survie du fret ferroviaire est à cette condition.