Chaque jour depuis le 23 décembre:
ils ont marqué l’actualité de la mobilité

9. Elle s’est surpassée

Ségolène Royal. Intouchable?

Georges Marchais disait en 1978: «Le goulag? A supposer qu’il existe.» Trente-huit ans plus tard, Ségolène Royal lui emboite le pas à Cuba, aux obsèques de Fidel Castro: «Il y a beaucoup de désinformation… […] Il faut savoir regarder les choses positivement même si ça dérange… […] On sait qu’ici, quand on demande des listes de prisonniers politiques, on n’en a pas. Eh bien fournissez-moi des listes de prisonniers politiques, à ce moment-là on pourra faire quelque chose.» Imaginait-elle vraiment que Raul Castro puisse gentiment transmettre des noms? Comment peut-on feindre d’ignorer autant les évidences? Et cela n’a rien à voir avec le jugement contrasté que l’on peut avoir sur l’histoire et le destin de Cuba, résistant à l’impérialisme américain…

Jusqu’où l’impunité et l’indulgence?

Faut-il pleurer, faut-il en rire? Les deux, probablement. Mais il faut surtout s’en désoler. Se demander comment la numéro 3 du gouvernement peut persister avec autant d’impunité, autant d’indulgence de la plupart des médias. En cette fin 2016, il est plus que temps de dresser le réquisitoire de Ségolène Royal ministre.

L’épisode cubain révèle de façon spectaculaire l’absence totale de scrupules de la ministre de l’Environnement. La cour régionale des comptes dresse la liste des déboires financiers de la région Poitou-Charentes, qu’elle a dirigée pendant dix ans? «C’est faux.» Des centaines de factures sont impayées? «Mais les gens se seraient plaints!» On l’accuse d’avoir fait perdre à la France 500 millions d’euros par an de perception de l’écotaxe? «Je lui en ai fait gagner 2 milliards». Plus c’est gros, mieux ça passe.

Au diable la cohérence, prière d’obéir

Impossible de trouver une cohérence aux décisions, prière d’obéir sous peine d’être exécuté. Ainsi va l’arbitraire, probablement rebaptisé l’autorité juste. Le pouvoir de nomination est son exercice préféré, ne cherchez pas l’accumulation des compétences et l’expérience des candidats, ses critères sont si personnels… L’administration souffre et peine, jusqu’à la rupture. Le secrétaire général Francis Rol-Tanguy refuse de virer un cadre du ministère dont l’accusation de harcèlement se révèle pourtant infondée? Dehors… Il sera quand même recasé à la cour des comptes. Avant qu’il ne parle?

La solidarité gouvernementale, c’est pour les autres. Ségolène Royal prend le contrepied de Manuel Valls sur Notre-Dame-des-Landes ou l’autoroute A831? Le président de la République laisse faire… On ne touche pas à l’une des rares ministres qui garde une popularité correcte, à force de flatter l’opinion et de squatter les télévisions depuis la COP 21 et l’heureux éloignement de Laurent Fabius au Conseil Constitutionnel.

Tant qu’il y’a des caméras…

Serait-on partial? Injuste? Après tout, Ségolène Royal a porté haut l’étendard de l’écologie… Elle en a surtout fait un sujet de confusion, alors que l’évidence environnementale s’impose progressivement et nécessite pédagogie et clarté. Oui, non à la circulation alternée? C’est selon? Selon quoi? Les Français n’y comprennent plus grand-chose. Elle préfère s’inventer des ennemis pour illustrer le courage et la vertu; dénoncer l’écologie punitive là où il faudrait multiplier les incitations claires; parader sur une route solaire à cinq millions d’euros du kilomètre et au rendement énergétique bien incertain; interdire par arrêté aux sangliers d’envahir le Gard… Tant qu’il y a des caméras, allons-y!

Et quand c’est difficile, mieux vaut ne pas prendre de risque. Il faudra faire l’état de la politique énergétique de la France après le passage de Ségolène Royal. Sur le transport public ou ferroviaire, rien ou presque, les cheminots c’est trop compliqué de s’y frotter. Pareil pour les taxis et VTC, d’ailleurs Alain Vidalies avec la DGITM s’occupe très bien de ces sujets. Elle préfère tout miser sur l’amélioration des motorisations, au prix d’objectifs industriels irréalistes. Seul compte l’affichage.

Selon son bon pouvoir, des interventions qui mettent la pagaille

Au passage, selon son bon pouvoir, elle se mêle des tarifs de la SNCF à contre-courant de ses arbitrages parce qu’elle prend le vent de l’opinion, surfe sur l’inquiétude sécuritaire en imposant des portiques pour le Thalys de la gare du Nord, sans aucune concertation avec nos voisins, au mépris de toute efficacité. Elle est même prête à réduire le nombre d’issues en totale méconnaissance des flux… Le préfet Christian Lambert a eu le courage de dire haut et fort, au séminaire organisé le 15 décembre au ministère, tout le mal qu’il pensait des dispositifs matériels en gare. Sera-t-il excommunié?

On pourrait continuer jusqu’au Réveillon. On se contentera de finir par cette question: si Christine Lagarde a été déclarée coupable de négligence, comment faudra-t-il nommer la responsabilité de Ségolène Royal sur les conditions de l’abandon de l’écotaxe et sur le coût final de la négociation du contrat avec les sociétés d’autoroutes? Tant de constance dans l’inconstance et l’inconsistance, Mobilettre ne pouvait pas laisser passer…