
Chaque jour jusqu’au 31 décembre:
ils ont marqué l’actualité de la mobilité
7. Ils font référence
Philippe Duron. Solide au poste
Il s’est remis de tout en 2016. Des aléas de santé comme des petits calculs politiciens du président de la République. Philippe Duron aurait pu exprimer quelque amertume à ne pas terminer brillamment sa carrière à la tête de l’Arafer, autant pour services rendus (Mobilités 21, rapport sur les TET, présidence de l’Afitf) que pour sa connaissance des sujets transports. Il n’en fut rien.
Quels que furent ses sentiments au moment du choix de Bernard Roman, l’homme est reparti de l’avant, de conférences en colloques, en province, à Paris, sur les ports, les expériences de mobilité alternatives, le fret ou les mécanismes de financement. De TDIE, il a réussi à faire un think tank reconnu dans le domaine de la mobilité, doté d’une belle ambition de contenu et de diffusion d’idées.
Jamais complaisant mais légitimiste, pédagogue, rigoureux…
A quelques mois d’élections législatives auxquelles il ne se représentera pas, il répond volontiers aux sollicitations: lucidité du constat, sagesse des préconisations, le tout en parfait pédagogue. Sur la programmation des infrastructures comme sur la réforme des trains d’équilibre du territoire, il n’a jamais cédé à la facilité. Il aura peut-être payé cette forme de rigueur qui consiste à ne pas promettre gratis, et à privilégier la consistance.
Philippe Duron n’est jamais complaisant mais il est légitimiste: aussi bien sous Ayrault avec Cuvillier que sous Valls avec Vidalies, le député Duron s’est plié aux arbitrages. Y compris lorsqu’un matin de conférence de presse, le champ de la mise en concurrence des TET se réduit soudain aux seuls trains de nuit déficitaires… Il n’a pas bronché.
Ainsi chemine Philippe Duron. La force tranquille, qui avait choisi ce slogan déjà? En tout cas, si le pouvoir avait privilégié le fond aux apparences et aux petits accommodements, les vrais serviteurs aux courtisans, il ne subirait peut-être pas une telle débâcle.
Gilles Savary. Il n’a pas faibli
Il a choisi un autre positionnement que celui de son collègue Philippe Duron: au cœur de la mêlée politique et parlementaire. Gilles Savary est un battant des estrades et pupitres. Cette année il l’a prouvé avec éclat en portant une critique sans détour de l’application de la loi de réforme ferroviaire.
Lui aussi a été sacrifié sur l’autel des calculs politiques, quand Martine Aubry l’a viré de Bruxelles pour faire la place à ses nouveaux amis écologistes. Alors, à l’Assemblée nationale, il se bat avec les armes qui sont les siennes: la plume et le verbe. Ironie du sort, il est devenu prisonnier de sa circonscription de Gironde: il a vu passer des responsabilités faites pour lui mais jamais la gauche n’aurait pris le risque de perdre son siège lors d’une partielle.
Au cœur du débat,
à la recherche de l’Etat stratège
Il est reconnu par ses pairs d’horizons politiques divers. Avenir Transport cherchait un élu de gauche pour présider l’association, c’est sur son nom que l’accord s’est fait. Car en matière de mobilité, Gilles Savary n’est pas un monomaniaque: il sait tout du ferroviaire, certes, mais son esprit curieux s’intéresse aussi bien aux ports qu’au téléphérique et bien sûr à l’aérien.
Gilles Savary est un obstiné: voilà des années qu’il bataille avec le gouvernement. Il milite pour un Etat qui ne soit pas touche à tout, à la fois impuissant et castrateur, qui met deux ans à accoucher de la règle d’or et des plans de performance; bref, pour un Etat stratège. Il fait plus à lui tout seul pour la réhabilitation du Parlement que les incantations politiciennes. Prenons le rapport sur la réforme ferroviaire: sans langue de bois, il entre au cœur d’un système et en démontre les faiblesses, y compris sur la désastreuse séquence Alstom qui dit tant de l’impuissance publique à définir des stratégies de long terme.
Qui aime bien châtie bien. C’est en vrai républicain, attaché à l’Etat, que Gilles Savary s’efforce, là où il est, de plaider la vertu des réformes au secours d’un pouvoir politique essoufflé et usé.
Chaque jour jusqu’au 31 décembre, ils ont marqué l’actualité de la mobilité