PLAN DE DISCONTINUITE
Hexafret et Technis, les nouveaux noms du fret SNCF
Fret SNCF c’est fini, à partir du 1er janvier prochain deux nouvelles entités porteront l’activité de gestion capacitaire hexagonale de la nouvelle holding Rail Logistics Europe du groupe SNCF.
Depuis une réunion avec le ministre des Transports François Durovray le 28 octobre dernier, les syndicats ont compris que le nouveau gouvernement de Michel Barnier avait confirmé la décision stratégique de son prédécesseur : la discontinuité économique et juridique de Fret SNCF contre le non-remboursement des 5,1 milliards d’euros d’aides d’Etat considérées comme illégales par la Commission européenne. L’espoir d’un revirement spectaculaire au profit d’un modèle intégré classique s’était en fait effondré dès début septembre avec le choix d’Emmanuel Macron de ne pas offrir Matignon au Nouveau Front Populaire.
Frédéric Delorme et ses équipes annoncent donc aujourd’hui une nouvelle étape de ce plan de discontinuité, après, notamment, la cession de 23 flux à des opérateurs alternatifs : le changement de nom de Fret SNCF. Après un long processus de consultation des salariés, clients et autres partenaires, deux dénominations ont été choisies : Hexafret pour la gestion des activités, Technis pour la maintenance des actifs (les locs). 700 millions d’euros de chiffres d’affaires cumulés sont budgétés en 2025.
Le nom Hexafret confirme un positionnement stratégique sur la gestion capacitaire sur tout le territoire… hexagonal, que souligne sa raison d’être : «Agir ensemble pour un fret accessible et responsable qui irrigue les territoires». De fait, les aides publiques au wagon isolé (et pas spécifiquement aux activités fret de la SNCF, qui toucherait environ 80% du total, soit 80 millions d’euros en 2025) vont sérieusement aider la nouvelle structure à se développer, d’autant qu’il faut y ajouter la reprise par la SA SNCF du T2 (environ 20 millions d’euros), ce surcoût de cotisations pour les régimes de retraite des cheminots au statut. Ce coup-ci, Bruxelles n’a pas considéré cette aide comme illégale…
Hexafret et Technis se lancent sans endettement, du fait du «nettoyage» des dernières années – Technis doit encore céder quelques dizaines de locs et des terrains. La bonne dynamique de 2024, portée notamment par les trafics militaires vers l’Ukraine, attend confirmation, mais la priorité au report modal et l’inscription au PLF 2025 des aides prévues incite à l’optimisme, dans un contexte de demande des clients toujours à la hausse. En définitive, ce sont donc 4500 salariés (4000 à Hexafret, 500 à Technis) qui vont porter le savoir-faire français en matière de fret, susceptible de s’exporter – Captrain étant quant à lui un réseau d’entreprises européennes qui se connectent entre elles.
Bientôt achevée, la réorganisation sous pression des activités de fret ferroviaire de la SNCF est bien loin du naufrage annoncé : Rail Logistics Europe (dans sa structure d’alors) réalisait 1,5 milliard d’euros de chiffre d’affaires en 2020 et vise 1,9 milliard dès 2025. Mais il est certain qu’elle suit une trajectoire de filialisation et d’adaptation à ses différents marchés (avec Forwardis, Naviland Cargo et Viia) bien éloignée du modèle intégré traditionnel revendiqué par les organisations syndicales unies, qui ont déposé une DCI (demande de concertation immédiate) relative aux évolutions organisationnelles au sein du groupe SNCF (Fret SNCF et SNCF Voyageurs). Une sorte d’aveu que la seule bataille contre la réorganisation des activités fret était perdue d’avance? Les bonnes perspectives d’avenir des structures qui constituent désormais RLE plaident en faveur de la page qui se tourne.