Mobizoom 97 – 21 mai 2024

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Mobizoom 97 – 21 mai 2024

Election

Europe : des questions qui brûlent

Parasité par l’actualité nationale et géopolitique, le scrutin du 9 juin sera pourtant un utile révélateur des options politiques d’avenir pour le Continent européen : incitations à l’efficacité inégale ou réglementations plus autoritaires ? Les transports sont au cœur du dilemme : comment atteindre la neutralité carbone d’ici 2050 ? Démobilité, report modal… ou foi en la technologie et laisser-faire du marché : jeudi prochain, les candidats à l’élection du 9 juin apporteront leurs réponses au Beffroi de Montrouge, lors du Grand Débat TDIE/Mobilettre. Inscrivez-vous, il reste quelques places en présentiel. Toutes les listes de partis de gouvernement seront représentées, à l’exception probable de Reconquête, le seul à n’avoir pas répondu à nos sollicitations.

Il n’y a pas que la maison qui brûle, pour reprendre l’expression de Jacques Chirac il y aura bientôt 22 ans, il y a surtout aujourd’hui des questions qui brûlent en Europe : comment réduire effectivement les émissions de gaz à effet de serre (et de façon plus générale toutes les émissions nocives) dans les transports, qui représentent 30% du total ?

Si au regard des connaissances scientifiques et des dérèglements climatiques de notre quotidien, peu de responsables politiques osent encore publiquement le couplet climato-sceptique, l’éventail des solutions à mettre en œuvre pour décarboner est extrêmement variable, et révèle pour le coup de vraies divergences idéologiques. Entre les catastrophistes qui prônent la radicalité et les fatalistes qui refusent le changement par la contrainte, on trouve une multitude de positions sur les moyens de vraiment inverser la tendance – et tendre effectivement à la neutralité carbone en 2050.

Dans le nouveau contexte politique né du Green Deal, l’heure des choix décisifs approche car l’agenda européen, dont la complexité juridico-institutionnelle est souvent décourageante, implique de confirmer – ou pas – certaines options et de préciser la mise en œuvre de quelques instruments.

Ce jeudi, avant de laisser chaque candidat exprimer sa philosophie de l’action européenne appliquée à la mobilité, nous commencerons ainsi par une question «concernante» pour une grande partie de nos concitoyens : «Confirmerez-vous oui ou non la date de 2035 pour l’interdiction de commercialisation en Europe des voitures thermiques individuelles ?» Les réponses engagent de fait une vision du monde, tellement elles touchent à des domaines sensibles : la souveraineté économique et industrielle, la mutation des infrastructures routières, les réglementations nationales et urbaines, les mobilités «alternatives», les régimes fiscaux… Au demeurant, l’articulation des politiques énergétiques, industrielles et de transport est un défi majeur posé à Bruxelles… et dans tous les pays.

Comme une répétition générale avant 2027, on a hâte d’entendre les partis de gouvernement afficher publiquement leurs credos. D’abord en matière d’objectifs : certains prôneront la démobilité (des biens et des personnes), d’autres refuseront d’entraver la croissance des déplacements, quand la majorité revendiqueront la politique des incitations. Justement… Comment obtenir des résultats tangibles ? Pour l’instant, ce n’est guère probant : les émissions baissent marginalement du fait de la croissance des mobilités, le transport aérien se porte très bien, et les offres de transport collectif décarboné (ferroviaire, mais pas seulement) se heurtent à d’épineuses lacunes de financement.

Les réponses des candidats sont très attendues : que peut faire l’Europe pour un choc d’offre réellement efficace et rapide ? Doit-elle continuer à se concentrer sur les RET-T ou intervenir fortement dans l’encouragement aux mobilités du quotidien ? Faut-il lancer un grand emprunt ? Légiférer davantage sur le dumping social qui avantage certains pays ? Comment favoriser les circuits courts et la relocalisation ? Améliorer l’attractivité des métiers de la mobilité?

C’est bel et bien l’efficacité d’une Europe libérale construite sur ses fondamentaux de liberté (de circulation des personnes, des biens, des capitaux et des services) qui est aujourd’hui questionnée de façon brûlante, y compris par des partis de plus en plus écartelés entre des options ici, à Paris, et des votes là-bas, à Bruxelles et à Strasbourg. Gageons que jeudi soir, à Montrouge, on y verra un peu plus clair, notamment en matière de cohérence politique. Quand l’opportunisme électoral peut s’exprimer sans vergogne sur des plateaux de télévision, le débat de fond contradictoire sur les idées et les propositions n’en est que plus salutaire. G. D.


Le débat

Les échanges se tiendront jeudi après-midi devant plus de 200 personnes représentatives de la diversité des acteurs du monde des transports : décideurs économiques et décideurs publics de haut niveau, collaboratrices et collaborateurs des organismes qui pensent et mettent en œuvre les services de transport, attentifs à l’ambition comme à la cohérence des orientations des politiques publiques des trois niveaux de décision – Europe, Etat, Collectivités territoriales. Les différents modes de transport dans la diversité leur métiers (infrastructures, matériel roulant, AOM, prestataires de services, etc.) seront présents, de même que des passionnés avertis, des journalistes de la presse spécialisée comme de la presse grand public, des syndicalistes.

Les débatteurs

Jacques Baudrier, pour la liste La Gauche unie pour le monde du travail (Léon Deffontaines : Parti communiste français, Radicaux de gauche, Gauche républicaine et socialiste, L’Engagement)

Clément Beaune, pour la liste Besoin d’Europe (Valérie Hayer : Ensemble, Renaissance, MoDem, Horizons, Parti radical, UDI)

Bérenger Cernon, pour la liste Union populaire (Manon Aubry : La France insoumise, Gauche écosocialiste, Parti ouvrier indépendant, Révolution écologique pour le vivant, Péyi-A, Pour La Réunion)

Abdoulaye Diarra, pour la liste Europe écologie (Marie Toussaint : Les Écologistes, Alternative alsacienne)

Olivier Jacquin, pour la liste Réveiller l’Europe (Raphaël Glucksmann : Place publique, Parti socialiste)

Christine Lavarde, pour la liste La droite pour faire entendre la voix de la France en Europe (François-Xavier Bellamy: Les Républicains – Les Centristes)

La liste de Jordan Bardella a envoyé une réponse écrite au questionnaire de TDIE, mais nous n’avons pas encore obtenu la transmission du nom de son ou sa représentante pour le débat. Nous n’avons pas réussi à obtenir de réponse de l’équipe de la liste Reconquête menée par Marion Maréchal.

Le lieu

Le Beffroi de Montrouge, 43, avenue de la République, 92 120 Montrouge, à partir de 16 heures.

Inscription


Le dossier TDIE et les questions aux candidats

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