SNCF Voyageurs et Stif:
les deux réorganisations de l’été

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SNCF Voyageurs et Stif:
les deux réorganisations de l’été

En exclusivité, Mobilettre détaille les évolutions de structure de la branche Voyageurs de la SNCF et du Stif, annoncées cette semaine.


La SNCF coupe une branche et segmente

Le départ de Florence Parly pour le gouvernement a accéléré la refonte-disparition de la branche Voyageurs. Le week-end a été mis à profit pour fixer, ce lundi matin, le cadre d’une évolution de la structure, autrement dit la future disparition de ce niveau hiérarchique qui avait du mal à exister depuis la réforme de 2014. Les trois mois qui viennent seront mis à profit pour séparer les activités en deux pôles, l’un dédié aux transports du quotidien (B to B), l’autre à la longue distance (essentiellement B to C). Alain Krakovitch et Rachel Picard assureront l’interim de la branche jusqu’en septembre, mais aussi le pilotage de l’opération en compagnie d’un chef de projet (à nommer).

Ils sont d’ores et déjà les deux grands gagnants de la future réorganisation, puisqu’ils sont appelés à diriger les deux entités en construction.

    • Alain Krakovitch s’occupera des mobilités du quotidien, partenariales et conventionnées: Transilien, TER, Keolis. Il s’agit essentiellement voire exclusivement de mass transit, par opposition à la voiture particulière. D’ailleurs, les collaborations entre Transilien et Keolis se multiplient depuis quelque temps: ainsi Transkeo, filiale commune qui exploitera le T11 à partir du 1er juillet, ou l’aide que peut apporter Transilien pour les réponses aux appels d’offres ferroviaires à l’international. Alain Krakovitch sera épaulé par Frank Lacroix, directeur de TER, et Jean-Pierre Farandou, président du directoire de Keolis.
    • Rachel Picard pilotera la longue distance, qui devrait logiquement être rebaptisée Oui. Cela comprend l’offre grande vitesse, mais aussi VSC, dirigé par Franck Gervais, et Intercités (Jean Ghedira) dont l’activité délestée des lignes courtes au profit de TER est de plus en plus orientée B to C – même si l’Etat reste autorité organisatrice, et financeur du matériel roulant notamment.
  • Le niveau hiérarchique de la branche Voyageurs disparaissant, il faudra proposer une répartition des différents services transversaux: la Traction, les RH, la sécurité, l’excellence industrielle… Certains seront conservés au niveau de la direction de SNCF Mobilités, d’autres seront dispatchés dans les deux pôles constitués. Le rôle de la direction générale dite Performance de Mathias Emmerich devra être précisé; par exemple, quid du matériel, qui est aujourd’hui sous sa responsabilité? En choisissant de supprimer une strate, Guillaume Pepy cherche à adapter l’organisation SNCF à l’évolution des marchés de la mobilité, à la rendre plus efficace du point de vue de la production, tout en obtenant des économies de structure indispensables à la compétitivité des offres.

    Gares & Connexions, en attente d’une loi précisant son avenir, reste à l’écart de cette réorganisation et poursuit sa transformation en entreprise prestataire de services.

    En renonçant à harmoniser par le haut les activités du quotidien et de la longue distance, le groupe SNCF s’oblige à trouver des formes de régulation plus originales

    Evoquée depuis plusieurs mois au sommet de SNCF Mobilités, y compris avec Florence Parly, cette évolution structurelle de SNCF vise aussi à spécifier les métiers et les compétences afin de mieux correspondre à la segmentation des offres, de plus en plus évidente. Qu’y a-t-il de commun entre les activités TGV et TER? Pas grand-chose du point de vue économique et business. Mais les trains roulent parfois sur les mêmes rails, partent et arrivent dans les mêmes gares, les applis sont de plus en plus intégrées. Au-delà de la mise au point des deux nouvelles entités, la SNCF devra donc soigner les interfaces: le recours aux services de Gares & Connexions, la fluidité des outils numériques, l’info voyageurs, mais aussi le rôle décisif de SNCF Réseau dans l’harmonisation des horaires et la gestion des circulations. Le gestionnaire d’infrastructures, avant même l’arrivée de la concurrence, pourrait devenir de fait l’arbitre des divergences d’intérêt entre les deux structures. En actant l’échec de la branche Voyageurs, en renonçant à harmoniser par le haut les activités du quotidien et de la longue distance, le groupe SNCF s’oblige à trouver des formes de régulation plus originales, au service de tous les voyageurs. C’est une vraie préfiguration du futur cadre concurrentiel. Il faudra éviter les redondances et les mécanismes trop compliqués, pour baisser les charges et améliorer les performances.


    Le Stif prépare un grand ménage

    C’est beaucoup plus qu’une retouche, moins qu’une révolution, mais assûrément le point d’arrivée de la réorganisation du Stif, dont le principe a été voulu par Valérie Pécresse et Laurent Probst (et annoncé dès le printemps dernier par Mobilettre), sera assez différent des intentions initiales. La démarche de consultation lancée au sein de l’autorité organisatrice, assurée par Ernst & Young, a fait émerger un fort besoin de renouvellement, qui se traduira par une remise à plat des structures et des responsabilités.

    Pour preuve, mercredi prochain, lors d’un conseil d’administration, deux décisions importantes seront prises.

    • La première, attendue, est la nomination de trois directeurs généraux adjoints (DGA), sous l’autorité du directeur général Laurent Probst. Ils dirigeront trois entités: développement (études et investissements infra), exploitation (avec trois directions: ferroviaire, mobilités de surface et une troisième appelée ISM: intermodalités, services et marketing), finances et ressources (qui regroupe d’une part la gestion des contrats, les finances, l’audit, la tarification, de l’autre les ressources et process). La communication et une nouvelle entité RVT (relation voyageurs et territoires) resteront sous l’autorité directe du directeur général.
    • La deuxième décision est plus radicale: tous les directeurs actuels seront déchargés d’activité dès mercredi. La nomination des nouveaux directeurs interviendra fin août, d’ici là des fiches de postes seront établies et les candidatures, y compris celles des directeurs sortants, seront enregistrées, à charge pour les nouveaux DGA de les examiner puis de proposer le nouveau casting à Laurent Probst.
  • Une dernière étape sera alors enclenchée: en septembre et octobre, les fiches de poste de tous les collaborateurs du Stif, y compris les chefs de division, seront rédigées, pour publication au 1er novembre. L’objectif est de réussir au 31 décembre toutes les affectations.

    Quand Laurent Probst a succédé à Sophie Mougard il y a un peu plus d’un an, les directeurs étaient tous restés en place. Aujourd’hui, plusieurs d’entre eux sont logiquement amenés à évoluer. Selon nos informations Jean-Louis Perrin devrait devenir DGA (peut-être à l’exploitation?) et Julien Matabon, actuel secrétaire général, prendrait les finances et ressources s’il décide de poursuivre l’aventure au Stif. Certain(e)s chefs de division pourraient être promu(e)s directeurs, comme Laurence Debrincat, chargée des études. A l’inverse, plusieurs directeurs sortants pourraient ne pas retrouver d’affectation, comme Catherine Bardy et Olivier Nalin. De plus en plus sollicité par les élus, le directeur général disposera aussi à ses côtés d’un chargé de mission, de façon à «traiter» les demandes les plus politiques.

    Le Stif est confronté à une accumulation de défis majeurs: la préparation de la concurrence, dans les bus mais aussi pour l’exploitation des trams et des lignes du Grand Paris Express, l’évolution de la billettique et de la politique tarifaire, l’aménagement des intermodalités, notamment dans les gares, le développement des nouvelles mobilités ou encore la refonte des offres ferroviaires (celle du RER D est en cours) – la liste n’est pas exhaustive. Cette réorganisation s’accompagnera donc aussi d’un apport de sang neuf: quelques créations de postes sont prévues, sur les nouvelles mobilités, la concurrence et le ferroviaire. Les effectifs devraient attendre la barre symbolique des 400 au 31 décembre prochain.

    De plus en plus marquée par l’influence des services de la région Ile-de-France, le nouveau Stif prend forme sans que les départements ou la ville de Paris ne manifestent d’opposition. C’est une forme de clarification peut-être inattendue, en tout cas elle consacre les intentions de la présidente de région qui veut plus que jamais faire des transports la vitrine de sa gouvernance. Prochaine étape ô combien visible: l’annonce du lancement d’une DSP de location longue durée de vélos électriques.


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